Publié le 15 mars 2024

Vos observations de la nature peuvent se transformer en données scientifiques cruciales, directement utilisées pour la protection des espèces menacées au Québec.

  • Utilisez des plateformes comme iNaturalist ou eBird pour que vos signalements soient validés et intégrés aux bases de données officielles.
  • La qualité de votre observation (photo nette, géolocalisation) est la clé pour en faire une preuve utilisable par les scientifiques.
  • Vos données peuvent influencer des décisions majeures, de la création d’aires protégées aux évaluations environnementales du BAPE.

Recommandation : Chaque sortie en nature est une occasion de devenir un partenaire de la science. La clé est de transformer chaque observation en une preuve documentée et utile.

Vous êtes en randonnée dans une forêt québécoise, et là, sous vos yeux, une fleur que vous n’aviez jamais vue ou un oiseau au chant particulier. L’émerveillement passé, une question surgit : cette observation a-t-elle une valeur au-delà du souvenir personnel ? Trop souvent, ces rencontres fugaces finissent en simple photo sur les réseaux sociaux, un partage éphémère qui ne sert pas la cause qu’il chérit. On entend souvent qu’il faut « protéger la nature », mais les moyens concrets pour un citoyen d’agir semblent flous ou réservés à une élite de scientifiques.

La croyance populaire veut que la science soit une affaire de laboratoires et de diplômes universitaires. Pourtant, cet article va vous démontrer le contraire. Et si la véritable clé pour renforcer la protection de la biodiversité québécoise se trouvait déjà entre vos mains, dans votre téléphone intelligent ? L’Angle que nous allons explorer est celui du « voyage de la donnée » : votre observation n’est pas une fin en soi, c’est le premier maillon essentiel d’une chaîne de décision qui influence directement la conservation sur notre territoire. Chaque signalement que vous faites est une information précieuse qui, une fois validée, devient une preuve tangible pour les biologistes, les gestionnaires de territoire et même les décideurs politiques.

Ce guide n’est pas une simple liste d’applications à télécharger. Il vous montrera comment, en devenant un partenaire scientifique, vos sorties en nature prennent une tout autre dimension. Nous verrons comment vos données sont collectées, pourquoi leur qualité est primordiale, et comment elles aboutissent concrètement dans des rapports qui peuvent changer l’avenir d’un milieu naturel. Vous découvrirez que votre rôle est bien plus stratégique et valorisant que vous ne l’imaginez.

Pour comprendre comment chaque citoyen peut devenir un maillon fort de la conservation, cet article vous guidera à travers les outils, les méthodes et l’impact réel de la science participative au Québec. Explorez avec nous les étapes concrètes pour que vos observations comptent vraiment.

Pourquoi eBird ou iNaturalist sont des outils scientifiques puissants ?

Contrairement à une simple application de partage de photos, iNaturalist (pour toutes les espèces) et eBird (pour les oiseaux) sont de véritables portails vers la science. Chaque observation que vous soumettez n’est pas simplement stockée ; elle entame un parcours de validation rigoureux. Des experts, des naturalistes chevronnés et des algorithmes d’intelligence artificielle collaborent pour confirmer l’identification de l’espèce. Une fois validée, votre observation, avec sa date et sa géolocalisation, devient une donnée probante. C’est là que la magie opère : elle quitte le statut de simple photo pour devenir une occurrence scientifique.

Au Québec, ces données validées sont d’une importance capitale. Elles sont aspirées et intégrées dans le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Cette base de données gouvernementale est la référence pour tout ce qui touche aux espèces à statut précaire. En soumettant vos trouvailles, vous alimentez directement la connaissance collective. Grâce à la contribution de milliers de citoyens comme vous, le système de gestion de données du CDPNQ compte plus de 14 600 occurrences floristiques et fauniques d’espèces en situation précaire. Vous n’êtes plus un simple observateur, vous devenez un partenaire essentiel de la surveillance de la biodiversité.

Cet apport citoyen est fondamental. Il permet de maintenir à jour des cartes de répartition, de détecter l’apparition de nouvelles populations ou la disparition d’anciennes, et d’orienter les efforts de conservation là où ils sont le plus nécessaires. Chaque signalement d’une Paruline azurée ou d’un Ginseng à cinq folioles est une pièce du puzzle qui aide les biologistes à brosser un portrait précis et actuel de l’état de nos écosystèmes. Votre téléphone devient ainsi une extension des yeux et des oreilles de la communauté scientifique sur le terrain.

Comment se déroule un inventaire éclair de 24h dans votre région ?

Un BioBlitz est bien plus qu’une simple sortie de groupe en nature. C’est un véritable marathon de la biodiversité, un événement intense et collaboratif où des citoyens, guidés par des experts, tentent d’identifier et de recenser le maximum d’espèces vivantes dans une zone délimitée et sur une courte période, généralement 24 à 48 heures. C’est une occasion unique de transformer votre curiosité en contribution scientifique directe, dans une ambiance conviviale et éducative. Vous êtes jumelé à des biologistes et des naturalistes qui partagent leurs connaissances et vous montrent quoi chercher, où et comment.

Le déroulement est à la fois structuré et exaltant. Après une brève formation sur les outils (souvent iNaturalist) et les protocoles, les participants se dispersent en petits groupes, chacun se concentrant sur un type d’organisme : oiseaux, insectes, plantes, champignons, etc. L’objectif est de documenter tout ce qui vit, du plus petit insecte au plus grand mammifère. L’un des exemples les plus concrets est le BioBlitz organisé au Parc régional du Bois de Belle-Rivière à Mirabel. Durant 24 heures, une trentaine de participants ont réalisé des inventaires qui ont ensuite été partagés avec le CDPNQ et iNaturalist, fournissant un instantané précieux de la santé de cet écosystème.

Pour le citoyen, l’expérience est incroyablement enrichissante. Non seulement vous apprenez à identifier des espèces, mais vous comprenez surtout l’interconnexion du vivant. Pour les scientifiques, c’est une méthode d’une efficacité redoutable pour obtenir une grande quantité de données sur un territoire en un temps record, chose impossible à réaliser pour une petite équipe de chercheurs seule. Pour trouver un BioBlitz près de chez vous, surveillez les annonces d’organismes comme Conservation de la nature Canada (CNC), les comités de bassin versant (OBV) ou même votre municipalité.

La force du BioBlitz réside dans cette synergie entre l’enthousiasme des citoyens et l’expertise des scientifiques. C’est la science participative à son meilleur : dynamique, éducative et directement utile. L’image suivante capture bien cette ambiance de collaboration sur le terrain.

Des citoyens et experts naturalistes effectuent ensemble un inventaire de biodiversité au lever du soleil dans un parc naturel québécois

Comme on peut le voir, ces événements rassemblent des gens de tous âges, unis par une même passion pour la nature et un objectif commun : mieux la connaître pour mieux la protéger.

Servitude de conservation ou don écologique : quelle option fiscale pour votre terre ?

Pour un propriétaire terrien soucieux de la nature, la science citoyenne peut ouvrir la porte à des mécanismes de protection légale et permanente de sa propriété. Les options comme la servitude de conservation ou le don écologique sont des outils juridiques puissants, mais leur mise en place repose sur un prérequis fondamental : prouver la valeur écologique du terrain. C’est précisément là que vos inventaires, et ceux que vous encouragez, deviennent cruciaux. Une servitude de conservation est un accord légal où le propriétaire s’engage à restreindre certains usages de sa terre pour en protéger les caractéristiques naturelles, tout en restant propriétaire. Le don écologique, lui, implique un transfert de la propriété (ou d’une partie) à un organisme de conservation.

Dans les deux cas, pour que l’accord soit accepté et donne droit à des avantages fiscaux significatifs, il faut démontrer la présence d’un « intérêt écologique ». Cet intérêt est souvent matérialisé par la présence d’espèces menacées ou vulnérables, ou d’un écosystème rare. Comment le prouver ? En fournissant des données d’inventaires fauniques et floristiques. Les observations validées sur iNaturalist et eBird, versées au CDPNQ, constituent des preuves formelles de cette richesse. Un propriétaire peut ainsi mandater un conseiller forestier ou un organisme de conservation pour consulter cette banque de données et y trouver les arguments nécessaires.

Imaginez que vous documentez régulièrement la présence d’une colonie de Grive de Bicknell sur votre boisé. Ces données, une fois intégrées au CDPNQ, deviennent un argument de poids pour justifier la mise en place d’une servitude de conservation. Vous ne protégez plus seulement « votre forêt », vous protégez un habitat essentiel pour une espèce menacée, et l’État reconnaît cette contribution. Votre passion pour l’observation se transforme en un levier concret pour la protection perpétuelle d’un milieu naturel. C’est la démonstration la plus tangible de l’impact que peut avoir une simple observation.

L’erreur de signaler une espèce rare sans preuve photo valide

Signaler une espèce rare est un moment exaltant, mais une erreur commune peut rendre cette observation scientifiquement inutile : une documentation de mauvaise qualité. Une photo floue, prise de trop loin, ou ne montrant pas les bons critères d’identification, ne pourra jamais être validée par les experts. Votre signalement restera au stade de « simple observation » et ne sera jamais intégré au CDPNQ comme une donnée probante. Dans le monde de la science citoyenne, une observation sans preuve irréfutable est une occasion manquée. Il ne s’agit pas de faire une photo d’art, mais une photo « d’identité » de l’espèce.

La rigueur de la documentation est ce qui distingue le naturaliste amateur du partenaire scientifique. Chaque groupe d’espèces a ses propres critères d’identification. Pour une plante, par exemple, il ne suffit pas de photographier la fleur. Les experts ont souvent besoin de voir la disposition des feuilles sur la tige, la forme de la tige elle-même, et parfois même les fruits ou les graines. Pour un oiseau, les détails du plumage, la forme du bec et la couleur des pattes sont essentiels. L’idée est de fournir aux validateurs tous les éléments nécessaires pour confirmer l’identification sans le moindre doute. Pensez comme un enquêteur qui rassemble des preuves.

Cette rigueur est d’autant plus importante pour les espèces sensibles ou menacées. Une identification erronée pourrait conduire à des décisions de gestion inappropriées. Heureusement, les outils modernes facilitent grandement cette documentation. Activer la géolocalisation de votre téléphone est un réflexe à acquérir, car une observation sans coordonnées précises perd 90% de sa valeur. De plus, des plateformes comme iNaturalist proposent une fonction de masquage de la localité (« géoprivacy ») pour les espèces vulnérables, afin de les protéger du braconnage ou du dérangement tout en rendant la donnée utile aux scientifiques.

Gros plan macro d'un photographe naturaliste documentant minutieusement une plante rare avec un appareil photo professionnel

Cette image illustre parfaitement la minutie requise. Une bonne documentation est un acte technique qui demande de la patience et le souci du détail, mais c’est cette qualité qui donnera tout son poids à votre découverte.

Votre plan d’action pour une preuve photo irréfutable

  1. Pour les plantes : Ne vous contentez pas de la fleur. Photographiez la fleur de près, mais aussi les feuilles (dessus et dessous), et la tige dans son ensemble pour voir la disposition des feuilles.
  2. Pour les oiseaux : Essayez de capturer les détails du plumage, la forme et la couleur du bec, ainsi que les pattes. Une photo en vol peut aussi révéler des motifs sous les ailes.
  3. Pour les insectes : Une vue de dessus (dorsale) est essentielle. Si possible, une vue de côté ou de dessous (ventrale) peut être très utile. Placez un objet (pièce de monnaie) à côté pour donner l’échelle.
  4. Pour l’habitat : Prenez une photo plus large qui montre le milieu dans lequel vous avez trouvé l’espèce. Est-ce un marécage, une forêt de conifères, une friche urbaine ? Ce contexte est une information précieuse.
  5. Pour la précision : Activez toujours la fonction GPS de votre appareil photo ou de votre téléphone pour enregistrer automatiquement les coordonnées géographiques.

Problème de détection : comment signaler la présence de roseau commun ?

Toutes les observations ne concernent pas des espèces rares et menacées. Parfois, la contribution la plus utile est de signaler la présence d’une espèce exotique envahissante (EEE), comme le roseau commun (phragmite). Ces espèces posent une menace sérieuse à la biodiversité locale en supplantant la flore indigène. Pour ce type de signalement, bien qu’iNaturalist puisse être utilisé, le gouvernement du Québec a développé un outil prioritaire et spécialisé : Sentinelle. Connaître le bon outil pour la bonne mission est une marque d’efficacité pour le citoyen scientifique.

Sentinelle est un outil de détection des espèces exotiques envahissantes composé d’une application mobile et d’un système cartographique accessible sur le Web. Cet outil permet de faire et de consulter les signalements des plantes et des animaux exotiques envahissants les plus préoccupants.

– QuéBio, Portail de science citoyenne et biodiversité au Québec

L’avantage de Sentinelle est qu’il est directement connecté aux équipes du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) et aux municipalités. Un signalement de phragmite dans Sentinelle est une alerte directe qui peut déclencher une intervention rapide. C’est un outil de gestion active du territoire, alors qu’iNaturalist est davantage une base de données de connaissances sur la biodiversité en général. Utiliser Sentinelle pour le roseau commun, c’est s’assurer que l’information arrive à la bonne personne, au bon moment.

Il ne s’agit pas d’opposer les outils, mais de comprendre leur complémentarité. Pour un inventaire général de la biodiversité, iNaturalist est roi. Pour un suivi ornithologique, eBird est la référence. Mais pour la lutte ciblée contre les EEE les plus préoccupantes au Québec, Sentinelle est l’outil de première ligne. Le tableau suivant résume les forces de chaque plateforme pour cette mission spécifique.

Comparaison Sentinelle vs iNaturalist pour signaler les espèces envahissantes
Critère Sentinelle (MELCCFP) iNaturalist
Spécialisation Espèces exotiques envahissantes uniquement Toutes espèces vivantes
Priorité pour roseau commun Outil prioritaire recommandé Outil secondaire
Utilisation par autorités Direct par ministère et municipalités Via intégration CDPNQ
Application mobile Oui, dédiée EEE Oui, généraliste
Validation Par experts gouvernementaux Par communauté scientifique

Pourquoi ce hibou descend-il au sud du Québec certaines années et pas d’autres ?

Le Harfang des neiges, notre emblème aviaire, est un visiteur hivernal fascinant dans le sud du Québec. Sa présence n’est cependant pas constante. Certaines années, on assiste à des « irruptions », où de nombreux individus descendent de l’Arctique, tandis que d’autres hivers, ils se font très rares. Ce phénomène n’est pas un hasard ; il est directement lié à la dynamique des populations de sa proie principale dans la toundra : le lemming. Les années où les lemmings pullulent, les harfangs ont beaucoup de jeunes. L’hiver suivant, la compétition pour la nourriture dans le Nord devient féroce, poussant de nombreux individus, surtout les jeunes, à migrer plus au sud pour trouver de quoi manger.

Suivre ces mouvements à l’échelle d’un continent serait impossible pour les scientifiques seuls. C’est là que la science citoyenne, via la plateforme eBird, joue un rôle irremplaçable. Chaque fois qu’un observateur d’oiseaux signale un Harfang des neiges avec une localisation précise sur eBird, il ajoute un point sur une carte immense. En compilant des milliers de ces points, les chercheurs peuvent visualiser en temps quasi réel l’ampleur et la trajectoire des invasions. Les données récoltées sur eBird permettent aux chercheurs de suivre les tendances des populations et de mieux comprendre la santé des écosystèmes arctiques, dont le Harfang est un indicateur.

Observer cet oiseau magnifique est un privilège, mais il s’accompagne d’une grande responsabilité. Les harfangs qui arrivent dans le sud sont souvent fatigués, stressés et affamés. Un dérangement excessif par des photographes trop zélés peut leur coûter une énergie précieuse et compromettre leurs chances de survie. Il est donc impératif de suivre un code d’éthique strict pour une observation responsable.

Plan d’action pour une observation respectueuse du Harfang

  1. Gardez vos distances : Maintenez une distance minimale de 50 mètres avec l’oiseau. Votre voiture peut servir de cache ; restez à l’intérieur.
  2. Utilisez le bon équipement : Privilégiez des jumelles ou un appareil photo avec un téléobjectif puissant plutôt que de tenter de vous approcher.
  3. Ne provoquez aucune réaction : Ne tentez jamais de faire s’envoler l’oiseau pour obtenir une « meilleure » photo. Un envol inutile lui fait dépenser une énergie vitale.
  4. Soyez discret : Évitez les rassemblements de trop nombreuses personnes au même endroit et parlez à voix basse.
  5. Observez son comportement : Si l’oiseau vous regarde fixement, s’étire le cou ou semble agité, c’est que vous êtes trop près. Reculez lentement et donnez-lui de l’espace.

Comment décrypter un rapport du BAPE sans être ingénieur ?

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) est une institution clé au Québec, chargée d’enquêter et d’informer la population sur de grands projets qui pourraient affecter l’environnement. Lire un de leurs rapports peut sembler intimidant, car ils sont remplis d’un jargon technique. Pourtant, c’est souvent là que l’impact final de vos observations citoyennes se matérialise. Des termes comme « habitat essentiel », « connectivité écologique » ou « occurrence d’espèce » ne sont pas abstraits : ils sont directement alimentés par les données que vous et d’autres citoyens avez collectées sur le terrain.

Une « occurrence d’espèce », par exemple, est simplement une preuve de présence validée, comme votre photo d’une fleur rare sur iNaturalist. Lorsqu’un promoteur soumet une étude d’impact pour un projet, les biologistes mandatés par le BAPE vont croiser ces plans avec les données du CDPNQ. S’ils découvrent que le tracé d’une future route coupe un habitat essentiel pour une espèce menacée, dont la présence a été prouvée par de multiples occurrences citoyennes, cela devient un argument majeur dans le rapport. À ce jour, on compte au Québec 37 espèces fauniques désignées comme menacées et 28 comme vulnérables, et chaque donnée sur leur localisation est cruciale.

Vos observations aident à définir la « ligne de base » d’un écosystème avant un projet, permettant de mesurer le véritable « seuil de perturbation ». Sans ces données citoyennes, de nombreuses zones d’importance écologique resteraient invisibles aux yeux des décideurs. En tant que citoyen, comprendre ce lexique vous permet de lire un rapport du BAPE non plus comme un document technique rébarbatif, mais comme le résultat d’un effort collectif auquel vous avez participé. Le tableau suivant vous aidera à traduire ces termes clés.

Lexique citoyen des termes clés du BAPE
Terme technique Signification pour le citoyen Comment vos données peuvent aider
Habitat essentiel Zone vitale pour la survie d’une espèce Vos observations prouvent l’utilisation du site
Connectivité écologique Corridors permettant le déplacement des animaux Documenter les passages fauniques observés
Seuil de perturbation Limite avant impact irréversible sur l’écosystème Historique de vos observations montre l’état initial
Occurrence d’espèce Preuve de présence d’une espèce à un endroit Vos données iNaturalist/eBird validées = preuves légales

À retenir

  • Vos données, une fois validées sur des plateformes comme iNaturalist ou eBird, alimentent directement les bases de données officielles du Québec (CDPNQ).
  • La qualité de votre preuve (photo claire, géolocalisation, notes contextuelles) est plus importante que la quantité d’observations.
  • Chaque observation devient une pièce d’un grand puzzle qui peut influencer des décisions majeures en matière de conservation, d’aménagement du territoire et d’évaluations environnementales (BAPE).

Pourquoi le Harfang des neiges est-il l’emblème aviaire du Québec ?

Le Harfang des neiges a été officiellement désigné emblème aviaire du Québec en 1987. Ce choix n’est pas anodin. Il symbolise la blancheur de nos hivers, notre nordicité et l’immensité de notre territoire, qui s’étend jusqu’à la toundra arctique où il niche. Plus qu’un simple oiseau, il incarne la beauté sauvage et la résilience de la nature québécoise. Participer à son suivi est donc bien plus qu’un acte scientifique ; c’est un geste de participation à la sauvegarde d’un patrimoine vivant qui nous définit collectivement. Chaque observation compte.

Cette culture de la science participative est d’ailleurs profondément ancrée au Québec. Bien avant l’arrivée des plateformes mondiales, les ornithologues québécois étaient déjà des pionniers. Dès 1975, l’ornithologue Jacques Larivée a créé la base de données ÉPOQ (Étude des populations d’oiseaux du Québec). Gérée par QuébecOiseaux, cette initiative visionnaire visait à compiler toutes les mentions d’oiseaux de la province. À sa fusion avec eBird en 2014, ÉPOQ contenait plus de 10 millions de mentions, un héritage colossal entièrement bâti sur la contribution de milliers d’observateurs passionnés.

Chaque observation d’un Harfang sur eBird devient un geste de participation à la sauvegarde d’un patrimoine national.

– Comité eBird Québec, QuébecOiseaux – Importance de la science citoyenne

Aujourd’hui, en utilisant des outils comme eBird, vous êtes les héritiers de cette tradition. Vous ne faites pas que collecter des données ; vous perpétuez un engagement de longue date des Québécois envers la connaissance et la protection de leur avifaune. Le voyage de votre donnée, de votre observation sur le terrain jusqu’à son utilisation pour la conservation, est la manifestation moderne de cet engagement. Vous êtes un maillon essentiel, un partenaire scientifique dont la contribution, aussi modeste puisse-t-elle paraître, est inestimable.

L’étape suivante est simple : lors de votre prochaine sortie en nature, gardez l’œil ouvert. Téléchargez l’une de ces applications, et transformez votre prochaine observation fascinante en une contribution durable. Chaque signalement est une victoire pour la biodiversité québécoise.

Rédigé par Amélie Bouchard, Biologiste de la faune et écologiste marine, Ph.D. Diplômée de l'UQAR avec 12 ans de recherche sur les écosystèmes du Saint-Laurent et de la forêt boréale. Spécialiste des mammifères marins et des grands prédateurs.