
La cotation d’un sentier (« Intermédiaire », « Difficile ») ne dit pas si VOUS pouvez le faire, elle décrit simplement le terrain.
- Le vrai coût énergétique d’un sentier réside dans sa technicité (racines, boue, roches), qui peut transformer 5 km en un effort équivalent à 15 km sur le plat.
- Votre principal risque n’est pas la distance, mais une mauvaise estimation du temps, surtout en automne où la lumière du jour disparaît brutalement en forêt.
Recommandation : Utilisez le test de l’escalier décrit dans cet article pour obtenir une mesure objective de votre forme en dénivelé et choisir vos randonnées en toute confiance.
Vous avez en tête une image d’Épinal : le sommet de l’Acropole des Draveurs, une vue imprenable sur la vallée de la rivière Malbaie. Sur le site de la Sépaq, le sentier est coté « Difficile ». La question qui brûle les lèvres de tout randonneur occasionnel est alors la même : suis-je à la hauteur ? Trop souvent, la réponse est un pari basé sur des critères incomplets. On regarde la distance, le dénivelé, et on se dit « ça devrait aller ». Pourtant, le Québec, avec ses sentiers façonnés par le Bouclier canadien et un climat capricieux, recèle des pièges que les chiffres bruts ne révèlent pas.
Les conseils habituels se concentrent sur l’équipement ou la lecture des cartes. On vous dira de prendre de bonnes bottes et de vérifier la météo. Ces précautions sont essentielles, mais elles ne répondent pas à la question fondamentale : comment faire le pont entre les exigences d’un sentier et mes capacités personnelles, ici et maintenant ? La fatigue qui surprend, la cheville qui tourne sur une racine cachée ou la nuit qui tombe plus vite que prévu ne sont pas des fatalités, mais les conséquences d’une évaluation initiale incomplète.
Mais si la véritable clé n’était pas de simplement déchiffrer la cotation, mais plutôt de développer une lecture honnête de vos propres capacités et de comprendre les « coûts cachés » du terrain québécois ? L’enjeu n’est pas de savoir si vous êtes un bon sportif en général, mais si vous êtes préparé pour l’effort spécifique que la randonnée en montagne exige : un effort d’endurance, de proprioception et d’anticipation. Cet article n’est pas une liste de sentiers, mais une méthode pour vous auto-évaluer de manière réaliste.
Nous allons déconstruire les facteurs qui rendent un sentier réellement exigeant, de la science de l’effort en montée à la gestion du temps en automne, en passant par la préparation de vos chevilles au chaos de racines et de roches. L’objectif : vous donner les outils pour ne plus jamais vous retrouver coincé sur un sentier qui dépasse vos limites, et transformer chaque sortie en un plaisir maîtrisé plutôt qu’une épreuve subie.
Cet article vous guidera à travers les points essentiels pour une auto-évaluation complète et sécuritaire. Le sommaire ci-dessous vous permettra de naviguer facilement entre les différentes facettes de la préparation d’une randonnée au Québec.
Sommaire : Évaluer son niveau en randonnée au Québec, le guide complet
- Pourquoi 5 km en montagne fatigue autant que 15 km sur le plat ?
- Racines, boue et roches : comment préparer ses chevilles au terrain technique ?
- Bottes ou souliers de trail : quel choix pour les sentiers des Laurentides ?
- L’erreur de partir à 14h pour une rando de 4h en octobre
- Quand boire : pourquoi attendre la soif est déjà trop tard ?
- Balisage et entretien : à quoi s’attendre sur les sections moins fréquentées ?
- Quand faire demi-tour : les 3 signaux météo à ne jamais ignorer
- Traverser une section du Sentier National : logistique et ravitaillement ?
Pourquoi 5 km en montagne fatigue autant que 15 km sur le plat ?
L’erreur la plus commune est d’évaluer une randonnée comme on évalue une marche en ville. Le facteur clé n’est pas la distance, mais le coût énergétique total. En montagne, cet effort est décuplé par deux éléments : le dénivelé positif (la montée) et la technicité du terrain. Chaque pas en montée demande un travail musculaire bien plus intense pour soulever le poids de votre corps contre la gravité. De plus, un sentier technique, parsemé de roches à enjamber ou de racines à négocier, force votre corps à des milliers de micro-ajustements, de stabilisations et de changements de rythme. Ces efforts, invisibles sur une carte, s’additionnent et drainent vos réserves d’énergie beaucoup plus vite.

Une bonne illustration de ce principe est la comparaison entre une randonnée au Mont-Sutton et une course sur le Canal de Lachine. Le sentier principal de Sutton, avec ses 520m de dénivelé sur environ 4 km, représente un effort métabolique équivalent à près de 15 km de course sur le plat. La pente moyenne de 13% et le terrain accidenté peuvent multiplier par 2,5 le coût énergétique par rapport à une surface plane. C’est ce calcul qui explique pourquoi une « petite » randonnée de 5 km peut vous laisser plus épuisé qu’une longue sortie de course à pied.
Le véritable indicateur de votre forme en montagne est donc votre capacité à soutenir un effort en dénivelé. Oubliez votre vitesse sur le plat; ce qui compte, c’est le nombre de mètres de dénivelé que vous pouvez gravir confortablement en une heure. C’est cette mesure qui vous permettra de vous comparer aux estimations de temps fournies par les parcs (Sépaq, etc.) et de choisir un sentier adapté.
Plan d’action : Test de l’escalier pour évaluer votre forme en montagne
- Trouvez un grand escalier public d’au moins 100 marches (ex: escaliers du Cap-Blanc à Québec, Parc Olympique à Montréal).
- Montez à un rythme soutenu mais régulier, sans pause, pendant une durée chronométrée de 5 minutes. Redescendez tranquillement.
- Comptez le nombre de montées complètes (ou de portions de montée) que vous avez effectuées durant ces 5 minutes.
- Multipliez le nombre de marches gravies par la hauteur d’une marche (environ 0,18 m), puis multipliez le tout par 12 pour obtenir votre dénivelé horaire (D+/h).
- Comparez ce chiffre aux cotations standards : un rythme facile se situe autour de 200m/h, intermédiaire à 400m/h, et difficile/expert à 600m/h et plus.
Racines, boue et roches : comment préparer ses chevilles au terrain technique ?
Un sentier québécois est rarement un chemin de terre lisse. Il est le plus souvent un enchevêtrement de racines, un tapis de roches humides ou un passage boueux, surtout au printemps et en automne. Cette technicité sollicite constamment votre proprioception, c’est-à-dire la capacité de votre corps à percevoir sa position dans l’espace et à stabiliser vos articulations. Des chevilles non préparées sont la première cause d’entorses et de chutes, transformant une belle journée en une évacuation pénible. Ce n’est pas un hasard si, selon les observations des clubs de randonnée, les trois premières semaines de mai représentent 35% des entorses de cheville annuelles, période où les sentiers sont particulièrement instables après le dégel.
Préparer ses chevilles ne signifie pas seulement porter des bottes montantes, bien qu’elles offrent un soutien passif. Il s’agit avant tout d’entraîner activement les muscles stabilisateurs et les réflexes neurologiques de vos pieds et de vos chevilles. Un programme de renforcement régulier, même à la maison, peut drastiquement réduire le risque de blessure et augmenter votre confiance sur les portions les plus délicates. Pensez-y comme à une assurance pour vos articulations.
Les bâtons de marche, souvent perçus comme une aide pour la montée, sont en réalité des outils de proprioception externes. Ils vous donnent deux points d’appui supplémentaires pour tester le terrain, vous équilibrer sur une roche glissante ou éviter de vous enfoncer dans une section boueuse. Leur usage correct transforme votre progression, la rendant plus sûre et moins fatigante pour les articulations.
Voici quelques exercices simples pour développer une proprioception active et robuste :
- Équilibre sur une jambe : Tenez-vous sur un pied pendant 30 secondes. Pour augmenter la difficulté, fermez les yeux ou faites-le sur un coussin.
- Marche sur une ligne : Imaginez une ligne au sol et marchez dessus, un pied devant l’autre, en tournant la tête de gauche à droite pour perturber votre équilibre.
- Sauts légers : Faites de petits sauts latéraux d’un pied à l’autre, en vous concentrant sur un atterrissage stable et contrôlé.
- Fentes contrôlées : Simulez des descentes en effectuant des fentes vers l’arrière, en contrôlant le mouvement du début à la fin pour renforcer les muscles stabilisateurs du genou et de la cheville.
Bottes ou souliers de trail : quel choix pour les sentiers des Laurentides ?
La question du choix entre des bottes de randonnée traditionnelles et des souliers de course en sentier (trail) est un débat classique. La réponse, particulièrement dans un environnement aussi changeant que les Laurentides, n’est pas l’un ou l’autre, mais plutôt : quand utiliser quoi ? Le choix de la chaussure est une décision stratégique qui dépend de la saison, de la météo du jour et du type de sentier que vous affrontez. Une chaussure inadaptée peut non seulement causer de l’inconfort (ampoules, pieds mouillés), mais aussi compromettre votre sécurité en n’offrant pas l’adhérence ou le soutien nécessaires.
Le bon choix de chaussure est un compromis entre soutien, imperméabilité, légèreté et adhérence. L’erreur est de croire qu’une seule paire peut tout faire. Un randonneur régulier au Québec aura souvent au moins deux types de chaussures pour s’adapter aux conditions. Une botte imperméable et robuste sera indispensable pour la boue du printemps, tandis qu’un soulier de trail léger et respirant sera un pur plaisir lors d’une journée sèche d’été.
Le tableau suivant propose un calendrier pour vous aider à choisir la chaussure la plus adaptée aux conditions typiques des Laurentides au fil des saisons.
| Période | Type recommandé | Caractéristiques essentielles | Exemple de terrain |
|---|---|---|---|
| Mai-Juin | Bottes imperméables | Membrane Gore-Tex, crampons de 6-8mm | Sentiers boueux et gorgés d’eau après le dégel |
| Juillet-Août | Souliers de trail aérés | Tige en mesh respirant, séchage rapide | Sentiers secs, chauds et passages de ruisseaux |
| Septembre-Octobre | Hybride mi-hauteur | Soutien de la cheville, gomme adhérente | Sol couvert de feuilles et de racines humides |
| Novembre | Bottes isolées + crampons | Isolation -10°C, compatibles avec microspikes | Premières plaques de glace, neige fine |
Même au sein d’une même région, le terrain varie. Par exemple, au Mont-Tremblant, les sentiers peuvent être très techniques et érodés, rendant essentiels des modèles avec des crampons profonds (6 à 8 mm minimum) pour une accroche maximale. En revanche, dans un parc comme Val-David-Val-Morin, où les sentiers principaux sont souvent mieux entretenus et plus larges, des souliers de trail plus légers avec des crampons de 4-5 mm peuvent offrir plus d’agilité et de meilleures sensations sur les grandes dalles rocheuses typiques du Bouclier canadien.
L’erreur de partir à 14h pour une rando de 4h en octobre
En randonnée, le temps n’est pas seulement une question de météo; c’est avant tout votre ressource la plus précieuse et la plus limitée : la lumière du jour. L’erreur la plus sous-estimée, et potentiellement la plus dangereuse, est une mauvaise gestion du temps. Partir en début d’après-midi pour une randonnée estimée à 4 heures en plein été est une chose. Tenter la même chose à la mi-octobre en est une autre. En automne, le soleil se couche non seulement plus tôt, mais la lumière disparaît en forêt 30 à 45 minutes avant l’heure officielle du coucher du soleil, en raison des montagnes et de la densité des arbres.
Se retrouver sur un sentier technique à la pénombre augmente drastiquement le risque de se perdre, de chuter ou de souffrir d’hypothermie. Votre vitesse de progression ralentit, le stress augmente, et une situation maîtrisée peut rapidement devenir une urgence. La règle d’or d’un guide de montagne est simple : planifiez toujours votre heure de retour en vous laissant une marge de sécurité d’au moins une heure de lumière. Pour cela, calculez l’heure à laquelle vous devez faire demi-tour, que vous ayez atteint le sommet ou non.
Le tableau ci-dessous illustre la rapidité avec laquelle les journées raccourcissent au Québec en octobre, un mois très populaire pour les couleurs mais aussi très piégeux pour la gestion du temps.
| Date | Montréal | Québec | Gaspé | Visibilité réelle en sous-bois |
|---|---|---|---|---|
| 1er octobre | 18h30 | 18h20 | 18h05 | Jusqu’à 17h45 environ |
| 15 octobre | 18h05 | 17h55 | 17h40 | Jusqu’à 17h15 environ |
| 31 octobre | 17h40 | 17h30 | 17h15 | Jusqu’à 16h50 environ |
Même avec une bonne planification, un imprévu peut arriver. C’est pourquoi, dès le mois de septembre, votre sac de randonnée doit systématiquement contenir un kit de sécurité pour la nuit :
- Lampe frontale : Une lampe d’au moins 200 lumens est un minimum. Vérifiez les piles avant de partir et emportez un jeu de rechange.
- Vêtements chauds supplémentaires : Une couche isolante (polaire, doudoune compressible) que vous ne pensez pas utiliser. La température chute vite dès que le soleil disparaît.
- Couverture de survie : Elle ne pèse rien et peut vous sauver la vie en cas d’immobilisation forcée.
- Sifflet : Le son d’un sifflet porte beaucoup plus loin que la voix pour signaler votre position.
- Batterie externe : Pour recharger votre téléphone, qui est aussi votre GPS et votre moyen de communication.
Quand boire : pourquoi attendre la soif est déjà trop tard ?
L’hydratation est le moteur de votre performance en randonnée. Pourtant, elle est souvent mal gérée. Le principe fondamental à retenir est simple : lorsque vous ressentez la soif, votre corps est déjà en état de déshydratation, et vos performances (physiques et cognitives) ont déjà commencé à décliner. Une perte d’eau de seulement 2% de votre poids corporel peut entraîner une baisse de performance de 10 à 20%, des crampes, des maux de tête et une prise de décision altérée. En montagne, une mauvaise décision peut avoir des conséquences graves.
La bonne stratégie n’est pas de boire quand on a soif, mais de boire régulièrement de petites quantités, dès le début de l’effort. Visez quelques gorgées toutes les 15-20 minutes. En conditions normales, un adulte a besoin d’environ 500 ml d’eau par heure d’effort. Cependant, ce chiffre peut grimper en flèche. Par une journée chaude d’été avec un humidex supérieur à 35, vos besoins peuvent atteindre 750 ml à 1 litre par heure. Il est crucial d’adapter votre réserve d’eau à la météo et à l’intensité de l’effort prévu.
La déshydratation n’est pas qu’un problème estival. En hiver, le risque est encore plus insidieux. L’air froid est extrêmement sec; par exemple, un air à -10°C contient environ 90% moins d’humidité qu’un air à 20°C. Chaque respiration vous fait donc perdre une quantité significative d’eau, une perte qui peut augmenter de 25% par rapport à l’été. De plus, la sensation de soif est diminuée par le froid. Il faut donc se forcer à boire, même si l’on n’en ressent pas le besoin.
La logistique de l’eau est un élément clé de la planification. Dans les parcs de la Sépaq, les cartes indiquent souvent des points d’eau potable tous les 5 à 8 km sur les sentiers principaux, permettant de recharger. En revanche, sur le Sentier National ou dans les ZEC (Zones d’Exploitation Contrôlée), vous êtes en autonomie complète. Il est alors impératif de transporter suffisamment d’eau pour la journée (souvent 3-4 litres en été) et de posséder un système de filtration ou de purification. L’eau des ruisseaux et des lacs, même si elle paraît limpide, peut contenir des bactéries ou des parasites. La méthode la plus sûre reste de la faire bouillir pendant au moins 3 minutes, mais un filtre portable est une alternative efficace et rapide sur le terrain.
Balisage et entretien : à quoi s’attendre sur les sections moins fréquentées ?
Savoir lire un sentier ne se limite pas à suivre un chemin tracé. C’est aussi comprendre le langage du balisage et anticiper le niveau d’entretien auquel s’attendre, surtout lorsqu’on s’aventure hors des sentiers les plus populaires. Au Québec, il n’existe pas un système de balisage unique, mais plusieurs, qui varient selon le gestionnaire du territoire. Connaître ces différences est crucial pour ne pas se perdre.
Le réseau le plus structuré est souvent celui des parcs nationaux de la Sépaq, qui utilise généralement des balises peintes sur les arbres (carrés ou triangles de couleur, chaque couleur correspondant à une boucle). Le Sentier National au Québec (SNQ), qui traverse la province, possède son propre balisage distinctif : des rectangles bleus (pour la direction principale) et blancs (pour les accès ou sorties) peints sur des plaquettes ou directement sur les arbres, espacés de 50 à 100 mètres. En revanche, sur les sentiers gérés par des clubs locaux, dans les parcs régionaux ou les ZEC, le balisage peut être plus rudimentaire, se limitant souvent à du ruban de signalisation (généralement orange ou rose) attaché aux branches. Ce dernier type de balisage demande une attention bien plus soutenue, car les rubans peuvent tomber ou être espacés.
Sur les sections moins fréquentées ou après une tempête de vent, le sentier peut être obstrué par des arbres tombés (des « chablis »). Le chemin peut devenir difficile à discerner. Dans ces situations, il ne faut pas continuer à l’aveugle. Il est essentiel d’avoir des compétences de base en orientation et des outils de secours.
Voici quelques techniques pour suivre une trace lorsque le balisage est intermittent ou que le sentier est peu marqué :
- Observez l’usure au sol : Cherchez la ligne où la terre est plus compactée et où la végétation (feuilles, herbe) est écrasée. C’est la « trace » laissée par les randonneurs précédents.
- Repérez les coupes : Les bénévoles qui entretiennent les sentiers coupent les branches à hauteur de passage (entre 1 et 2 mètres du sol). Des branches fraîchement coupées sont un excellent indice.
- Suivez la logique du terrain : Un sentier bien conçu suit une ligne de moindre résistance, contournant les gros obstacles (rochers, zones marécageuses) et suivant les courbes de niveau.
- Utilisez une application GPS hors-ligne : Des applications comme BaliseQc ou AllTrails permettent de télécharger la trace du sentier à l’avance. Votre téléphone devient alors une boussole numérique. C’est une sécurité indispensable.
- Marquez mentalement votre dernière balise : Gardez toujours en tête l’emplacement de la dernière balise que vous avez vue. Si vous n’en trouvez pas une nouvelle après 100-150 mètres, arrêtez-vous et revenez sur vos pas jusqu’à cette dernière balise pour réévaluer.
Quand faire demi-tour : les 3 signaux météo à ne jamais ignorer
En montagne, la météo n’est pas une toile de fond, c’est un acteur. Les conditions peuvent changer avec une rapidité déconcertante, et la décision la plus importante que vous prendrez peut-être est celle de faire demi-tour. L’ego n’a pas sa place face aux éléments. Ignorer les signaux d’avertissement du ciel est le chemin le plus court vers une situation d’urgence. Voici trois signaux météo qui doivent déclencher une alerte immédiate et, souvent, la décision de rebrousser chemin.
1. Le tonnerre qui gronde, même au loin. Un orage en montagne est un danger mortel, non seulement à cause de la foudre, mais aussi des pluies torrentielles, des chutes de grêle et des vents violents qui l’accompagnent. La règle de sécurité est la règle du 30/30. Selon les protocoles de sécurité en montagne, si l’intervalle entre l’éclair et le grondement du tonnerre est de 30 secondes ou moins, l’orage est à moins de 10 km. Il faut immédiatement chercher un abri bas (jamais un arbre isolé ou un sommet exposé) et attendre 30 minutes après le dernier coup de tonnerre avant de repartir. Si vous êtes sur une crête ou un sommet, la descente immédiate est impérative.
2. Le brouillard qui monte rapidement. Un banc de brouillard peut envelopper un sommet en quelques minutes, réduisant la visibilité à quelques mètres. Le danger est double : la désorientation est quasi-instantanée, et la température chute brutalement à cause de l’humidité. La procédure à suivre est stricte :
- Arrêtez-vous immédiatement. N’essayez pas de continuer « au feeling ».
- Sortez votre GPS ou téléphone et marquez votre position pendant que vous avez encore un signal.
- Habillez-vous chaudement. Mettez votre couche imperméable et votre couche isolante.
- Attendez 20 à 30 minutes. Souvent, une éclaircie partielle peut survenir et vous permettre de vous réorienter.
- Si le brouillard persiste, utilisez votre trace GPS pour revenir exactement sur vos pas. Ne tentez jamais de couper à travers.
3. Un vent qui se lève et vous déséquilibre. Le vent en altitude est un facteur de refroidissement majeur (le « wind-chill »). Un vent de 40 km/h par une température de +5°C donne une température ressentie de -1°C. Au-delà du froid, des rafales violentes sur une crête ou une section exposée peuvent vous déséquilibrer et provoquer une chute. Si le vent devient si fort que vous devez lutter pour rester stable, il est temps de redescendre vers une altitude plus protégée.
À retenir
- L’effort en montagne est exponentiel, pas linéaire ; la technicité d’un sentier (racines, boue) a plus d’impact sur votre fatigue que la distance seule.
- Votre meilleure jauge de forme n’est pas une cotation sur un panneau, mais une auto-évaluation objective comme le test de l’escalier, qui mesure votre capacité en dénivelé.
- Le timing est un facteur de sécurité crucial : en automne, la lumière du jour en forêt disparaît 30 à 45 minutes avant le coucher du soleil officiel, rendant tout départ tardif risqué.
Traverser une section du Sentier National : logistique et ravitaillement ?
Passer de la randonnée à la journée à une traversée de plusieurs jours, comme sur une section du Sentier National au Québec (SNQ), représente un changement de paradigme complet. Il ne s’agit plus seulement d’évaluer sa capacité physique pour quelques heures, mais de gérer une autonomie logistique sur plusieurs jours. Avec ses 1 830 km de tracé à travers le Québec, le SNQ offre des expériences immersives uniques, mais comporte aussi des défis de taille, notamment en matière de ravitaillement.
Le principal défi est la présence de nombreuses sections isolées, de véritables « déserts de service » sans aucun accès routier direct. Par exemple, la portion du sentier en Gaspésie, entre Matane et Mont-Joli, s’étend sur 95 km sans aucun point de ravitaillement possible. De même, la traversée de la réserve faunique des Laurentides représente un défi de 80 km entre deux points d’accès. Planifier une telle traversée requiert une organisation méticuleuse, impliquant souvent le portage de 8 à 10 jours de nourriture ou l’organisation complexe de caches alimentaires ou de navettes.
L’organisation de la logistique devient alors une partie intégrante de la randonnée. Il faut méticuleusement cartographier les points d’accès, les villages, les pourvoiries et les auberges qui peuvent servir de point de chute ou de partenaire pour un service de navette ou de dépôt de ravitaillement. Heureusement, un écosystème de services se développe autour du SNQ pour aider les randonneurs au long cours.
Voici les étapes clés pour organiser la logistique d’une traversée :
- Identifier les points d’accès : Utilisez des outils comme l’application Balise Québec pour visualiser les accès routiers et planifier vos étapes.
- Contacter les services de navette : De nombreuses pourvoiries ou entreprises locales (comme Navette Nature dans Charlevoix ou Taxi Dufour en Gaspésie) offrent des services de dépose/récupération aux extrémités des sentiers.
- Organiser des caches alimentaires : Certaines auberges ou commerces partenaires situés près du sentier peuvent accepter de garder une boîte de ravitaillement pour vous moyennant des frais.
- Utiliser les communautés en ligne : Les groupes Facebook dédiés au SNQ sont d’excellentes ressources pour trouver des partenaires de covoiturage et partager des informations logistiques à jour.
- Planifier des envois postaux : Pour les très longues traversées, il est possible de s’envoyer des colis de nourriture en poste restante dans les bureaux de poste des villages traversés par le sentier.
Pour mettre en pratique ces conseils et planifier votre prochaine sortie en toute sécurité, l’étape suivante consiste à consulter les ressources officielles comme Rando Québec et Balise Québec pour obtenir des informations à jour sur l’état des sentiers et les services disponibles.
Questions fréquentes sur l’hydratation et la préparation en randonnée
Combien d’eau par heure en été avec humidex élevé?
Prévoyez 750ml à 1L par heure d’effort avec un humidex supérieur à 35, versus 500ml en conditions normales. L’important est de boire de petites quantités régulièrement plutôt que d’attendre la soif.
L’air froid d’hiver déshydrate-t-il vraiment plus?
Oui, absolument. L’air sec à -10°C contient 90% moins d’humidité qu’à 20°C, ce qui augmente la perte hydrique par la respiration de près de 25%. De plus, la sensation de soif est diminuée par le froid, il faut donc se forcer à boire.
Comment traiter l’eau des ruisseaux en Sépaq?
Même si l’eau semble claire, elle doit toujours être traitée. Privilégiez les filtres portables (les plus rapides et efficaces) ou les pastilles de purification. En cas de doute ou en altitude, l’ébullition de l’eau pendant au moins 3 minutes reste la méthode la plus sûre pour éliminer tous les pathogènes.