
En résumé :
- Préparez vos repas déshydratés pour diviser les coûts par trois et réduire le volume des emballages.
- Adoptez la technique du lavage « déporté » à 60 mètres de toute source d’eau pour protéger les écosystèmes aquatiques fragiles.
- Investissez dans un filtre à eau portable pour une solution plus économique et écologique que les bouteilles en plastique sur le long terme.
- Maîtrisez les techniques hivernales comme les « WAG bags » pour éviter de laisser une trace lorsque le sol est gelé.
- Planifiez vos achats en région en privilégiant les marchés fermiers et les comptoirs de service pour éviter les suremballages.
Le sac est bouclé, la tente est compactée, et l’appel des grands espaces québécois se fait sentir. Mais au moment de partir, une vision freine l’élan : cette pile d’emballages alimentaires, de bouteilles en plastique et de produits d’hygiène qui se transformeront inévitablement en déchets. Pour le randonneur écologiste, le dilemme est constant. On connaît les principes de base : acheter en vrac, utiliser une gourde, rapporter ses détritus. Pourtant, la réalité du terrain soulève une inquiétude légitime : le zéro déchet va-t-il transformer une aventure libératrice en un casse-tête logistique, alourdissant le corps et l’esprit ?
La crainte est réelle. Comment gérer la nourriture en vrac dans un village isolé de la Côte-Nord ? Comment se laver sans polluer ces lacs cristallins qui sont la raison même de notre escapade ? Et que faire de ses déchets quand le sol est gelé dur comme du roc en plein hiver dans les Chic-Chocs ? Ces questions peuvent décourager les meilleures volontés, laissant croire que le mode de vie zéro déchet est un luxe réservé aux citadins bien équipés.
Et si la véritable clé n’était pas de viser une pureté morale absolue, mais de réinventer notre approche ? Si le zéro déchet en plein air n’était pas une contrainte, mais une forme supérieure d’autonomie minimaliste ? Cet article propose une rupture : voir le zéro déchet non pas comme un fardeau, mais comme un ensemble de « hacks » ingénieux qui, paradoxalement, allègent le sac à dos, le portefeuille et la charge mentale. Nous allons explorer des solutions pratiques, testées sur le terrain québécois, qui transforment chaque défi en une opportunité d’être plus efficace, plus léger et plus connecté à la nature que jamais.
Ce guide est structuré pour répondre aux défis concrets que vous rencontrerez, de la préparation de vos repas à la gestion de votre hygiène en passant par les spécificités des saisons québécoises. Chaque section vous apportera des solutions pragmatiques pour alléger votre impact sans alourdir votre sac.
Sommaire : Le guide pratique du camping Zéro Déchet efficace au Québec
- Pourquoi déshydrater vos repas coûte 60% moins cher que les lyophilisés commerciaux ?
- Savon de Marseille ou Castille : lequel est vraiment sans danger pour les rivières ?
- Bouteilles plastiques ou filtre à eau : quel investissement pour 10 ans de randos ?
- L’erreur de laver sa gamelle directement dans le lac qui pollue l’eau
- Comment utiliser la coupe menstruelle ou les serviettes lavables en longue randonnée ?
- Pourquoi « l’effet lasagne » au printemps est dégoûtant et comment l’éviter ?
- Comment faire une épicerie zéro plastique en région sans magasin vrac ?
- Sans Trace en hiver : gérer ses déchets quand le sol est gelé dur ?
Pourquoi déshydrater vos repas coûte 60% moins cher que les lyophilisés commerciaux ?
L’un des plus grands postes de déchets et de dépenses en randonnée provient de l’alimentation. Les repas lyophilisés commerciaux, bien que pratiques, sont un désastre écologique et financier. Chaque sachet individuel, souvent vendu entre 15$ et 20$, génère un déchet non recyclable et pèse lourd sur le budget. L’alternative ingénieuse et économique réside dans la préparation de vos propres repas déshydratés. En maîtrisant cette technique, non seulement vous contrôlez à 100% la qualité et la saveur de vos plats, mais vous réduisez aussi drastiquement les coûts, qui tombent à environ 5$ à 6$ par repas, soit une économie de plus de 60%.
Le principe est simple : cuisiner vos recettes préférées (chili, ragoût, pâtes bolognaise) en grande quantité, puis en retirer l’eau à l’aide d’un déshydrateur ou même d’un four conventionnel réglé à basse température. Cette méthode préserve les nutriments tout en rendant les aliments incroyablement légers et compacts. Vous pouvez ainsi préparer des plats riches en calories, parfaitement adaptés aux exigences énergétiques de la randonnée en climat québécois, sans les additifs et le surplus de sel des versions industrielles.
Pour le transport, l’astuce est d’utiliser des sacs en silicone réutilisables ou de petits contenants hermétiques légers. Ces derniers sont non seulement plus durables que les sacs en plastique jetables, mais ils protègent aussi mieux vos aliments de l’humidité et de l’écrasement dans le sac à dos. En adoptant la déshydratation maison, vous transformez la contrainte alimentaire en un acte d’autonomie créatif, économique et profondément aligné avec les principes du zéro déchet.
Cette démarche vous libère de la dépendance aux magasins spécialisés et vous offre une flexibilité totale pour adapter vos menus à vos goûts et besoins nutritionnels.
Savon de Marseille ou Castille : lequel est vraiment sans danger pour les rivières ?
La question du lavage en nature est un point sensible. Armé de bonnes intentions, le randonneur choisit souvent un savon « biodégradable », comme le savon de Marseille ou de Castille, pensant bien faire. C’est là que réside une erreur commune et dangereuse pour les écosystèmes aquatiques québécois. La vérité est qu’aucun savon, même le plus naturel, n’est sans danger s’il est utilisé directement dans ou près d’un cours d’eau. Le terme « biodégradable » signifie simplement que le produit peut être décomposé par des micro-organismes, un processus qui se déroule efficacement dans le sol, mais pas dans l’eau.
Le véritable problème vient des tensioactifs présents dans tous les savons. Ces molécules, même naturelles, détruisent la tension de surface de l’eau et, plus grave encore, dissolvent le mucus protecteur qui recouvre la peau et les branchies des poissons et des amphibiens. L’omble de fontaine, trésor de nos lacs, y est particulièrement vulnérable. De plus, les phosphates et nitrates, même en infimes quantités, agissent comme des engrais et provoquent l’eutrophisation : une prolifération d’algues qui étouffe le lac en consommant tout l’oxygène. Les écosystèmes fragiles du Bouclier canadien sont très sensibles à ce phénomène.
La seule méthode responsable est celle du lavage déporté. Les organismes comme la SÉPAQ et Parcs Canada sont formels : tout lavage (personnel, vaisselle, vêtements) doit se faire à une distance minimale de 60 mètres (200 pieds) de toute source d’eau. L’ingéniosité consiste à créer un « système déporté » : prélevez l’eau dont vous avez besoin dans une bassine pliable ou un contenant, éloignez-vous à la distance réglementaire, et lavez-vous. L’eau savonneuse doit ensuite être dispersée « en pluie » sur une large surface de sol, loin de votre campement, pour que les bactéries de la terre puissent faire leur travail de filtration et de décomposition.

Comme le montre cette image, le secret n’est pas dans le produit, mais dans la méthode. C’est le sol, et non l’eau, qui doit devenir votre station d’épuration naturelle. En cas de besoin, un trou de 15 cm de profondeur peut être creusé pour y verser l’eau usée, avant de le reboucher. Cette pratique simple est l’un des piliers du camping à impact invisible.
En fin de compte, le choix entre savon de Marseille ou de Castille devient secondaire face à l’impératif de la distance : le meilleur savon est celui qu’on utilise correctement, loin de l’eau.
Bouteilles plastiques ou filtre à eau : quel investissement pour 10 ans de randos ?
L’hydratation est vitale, mais elle peut rapidement devenir une source majeure de déchets plastiques et de dépenses inutiles. L’achat de bouteilles d’eau à usage unique est une aberration écologique et économique pour tout randonneur régulier. La solution durable passe par le traitement de l’eau directement sur le terrain. Mais entre les filtres, les pastilles et l’ébullition, quel est le choix le plus judicieux sur le long terme ? Un rapide calcul démontre que l’investissement initial dans un bon système de filtration est amorti en quelques saisons seulement.
Le tableau ci-dessous compare le coût et l’impact de trois options populaires pour un randonneur québécois effectuant une quinzaine de sorties par an sur une période de dix ans. Les données, basées sur les prix courants, montrent clairement l’avantage financier et écologique du filtre réutilisable.
| Option | Coût initial | Coût sur 10 ans (15 sorties/an) | Impact écologique |
|---|---|---|---|
| Bouteilles plastiques | 3$ / sortie | 450$ | Plus de 450 bouteilles jetées |
| Filtre Sawyer Squeeze | 50$ | 100$ (avec remplacement cartouche) | 1 cartouche à recycler |
| Comprimés Micropur | 15$ / boîte | 150$ | Emballages minimaux |
L’option du filtre à fibre creuse, comme le populaire Sawyer Squeeze, se distingue comme le champion de l’autonomie minimaliste. Malgré un coût initial plus élevé, son coût total sur une décennie est jusqu’à quatre fois inférieur à celui des bouteilles en plastique. Son impact écologique est quasi nul. Les comprimés de purification comme le Micropur sont une excellente solution ultralégère pour les urgences ou les sorties courtes, mais leur coût cumulé devient significatif sur le long terme.
Choisir son système de filtration doit aussi tenir compte des spécificités des eaux québécoises. La présence de pathogènes comme la Giardia et le Cryptosporidium rend la filtration mécanique (0,1 ou 0,2 micron) indispensable. Dans des régions comme la Côte-Nord, les eaux sont souvent chargées en tanins, ce qui peut colmater rapidement un filtre. Un simple préfiltre (un morceau de tissu ou un filtre à café) peut alors prolonger considérablement la durée de vie de votre cartouche. L’option zéro achat reste l’ébullition (efficace après 3 minutes), mais elle consomme du combustible et du temps.
L’investissement dans un filtre n’est pas une dépense, c’est l’achat de votre indépendance hydrique et la suppression de centaines de bouteilles en plastique de votre bilan écologique.
L’erreur de laver sa gamelle directement dans le lac qui pollue l’eau
Après un bon repas chaud face à un paysage grandiose, le réflexe est souvent de prendre sa gamelle et d’aller la rincer directement dans le lac ou la rivière à proximité. C’est une erreur fondamentale, même si l’on n’utilise pas de savon. Les restes de nourriture, même infimes, et les graisses de cuisson sont des polluants puissants pour les écosystèmes aquatiques. Ils se décomposent en consommant de l’oxygène et, tout comme les savons, contribuent à l’eutrophisation des plans d’eau, favorisant la croissance des algues au détriment de la faune locale.
La seule méthode acceptable est, encore une fois, le système de lavage déporté, à 60 mètres minimum de toute source d’eau. La première étape, cruciale et souvent négligée, est de racler sa gamelle à la perfection. Chaque particule de nourriture doit être récupérée dans votre sac à déchets pour être rapportée. Une petite spatule en silicone est l’outil idéal pour cette tâche. Ce n’est qu’après ce « pré-nettoyage » que l’on peut passer au lavage. Utilisez un minimum d’eau (idéalement chauffée pour dissoudre les graisses) et une goutte de savon biodégradable si nécessaire, toujours à distance réglementaire. L’eau de vaisselle doit ensuite être dispersée sur le sol pour être filtrée naturellement.
L’ingéniosité de terrain a même développé des techniques pour minimiser, voire éliminer, l’usage de l’eau pour le nettoyage. C’est le principe du « pré-nettoyage sec ».
Étude de cas : Le pré-nettoyage sec pour une vaisselle presque sans eau
Les campeurs et randonneurs longue distance les plus expérimentés ont perfectionné une technique redoutablement efficace. Avant même de penser à l’eau, ils utilisent un agent « abrasif » naturel et absorbant pour nettoyer leur gamelle. Un morceau de pain, par exemple, permet de « saucer » les derniers restes et graisses. En son absence, une petite poignée de sable ou de terre (prélevée loin du campement) fait office d’éponge à récurer. Cette action mécanique retire plus de 80% des résidus alimentaires. Souvent, un simple essuyage avec un linge réutilisable suffit ensuite, éliminant totalement le besoin d’eau et de savon. Cette approche réduit drastiquement la consommation d’eau et de combustible, tout en garantissant un impact nul sur les cours d’eau.
En hiver, lorsque le sol gelé empêche toute dispersion, le principe « tout ce qui entre, ressort » s’applique aussi à l’eau de vaisselle. Elle doit être stockée dans une bouteille dédiée et rapportée pour être jetée à la maison. C’est une contrainte, mais c’est le prix à payer pour une pratique véritablement sans trace.
La propreté de votre gamelle ne doit jamais se faire au détriment de la propreté de la nature qui vous accueille.
Comment utiliser la coupe menstruelle ou les serviettes lavables en longue randonnée ?
La gestion de l’hygiène menstruelle en plein air est un sujet souvent tabou, mais essentiel pour une pratique du camping zéro déchet inclusive et confortable. L’utilisation de tampons et de serviettes jetables génère une quantité importante de déchets qu’il faut rapporter, ce qui est à la fois encombrant et peu hygiénique. Les solutions réutilisables comme la coupe menstruelle ou les serviettes lavables sont parfaitement adaptées à la randonnée, à condition d’adopter un protocole simple et rigoureux.
La coupe menstruelle est souvent l’option la plus plébiscitée pour sa grande autonomie (jusqu’à 12 heures) et son volume quasi nul. La principale préoccupation est son nettoyage. L’astuce est d’avoir une petite bouteille d’eau (200 ml suffisent) dédiée uniquement à cet usage. Pour la vider, il faut appliquer le même principe que pour les excréments : creuser un « cathole » de 15 cm de profondeur à 60 mètres de toute source d’eau, y vider le sang, et rincer la coupe au-dessus du trou avec l’eau dédiée avant de le reboucher. L’hygiène des mains est primordiale : il faut toujours les laver avec du savon (loin de l’eau !) avant toute manipulation. Pour une stérilisation en cours de trek, 5 minutes dans l’eau bouillante sur le réchaud suffisent.
Les serviettes lavables sont une autre excellente alternative. Elles nécessitent un peu plus de logistique, car il faut rapporter les serviettes souillées. Un sac étanche et opaque (« dry bag ») est indispensable pour les stocker sans risque de fuites ou d’odeurs. Une fois de retour à la civilisation, un trempage dans l’eau froide suivi d’un lavage en machine suffit à les rendre comme neuves.
Une crainte persistante, alimentée par des mythes, est que l’odeur du sang menstruel pourrait attirer les animaux sauvages, notamment les ours. Cette peur est infondée, comme le confirment les experts.
L’odeur du sang menstruel n’attire pas les ours noirs, contrairement au mythe répandu. Le risque principal reste la mauvaise gestion des déchets alimentaires.
– Biologistes de la SÉPAQ, Guide de sécurité en milieu sauvage
Adopter ces solutions, c’est non seulement réduire son impact, mais aussi gagner en confort, en autonomie et en sérénité sur les sentiers.
Pourquoi « l’effet lasagne » au printemps est dégoûtant et comment l’éviter ?
L’hiver québécois, avec son manteau de neige immaculé, peut donner une fausse impression de propreté. Pourtant, c’est à la fonte des neiges que se révèle une réalité souvent sordide, surnommée « l’effet lasagne ». Ce phénomène particulièrement visible sur les sentiers très fréquentés est la conséquence directe d’une mauvaise gestion des déchets humains pendant l’hiver. Lorsque le sol est gelé, il est impossible de creuser un trou pour ses besoins. Certains randonneurs, par manque de connaissance ou de préparation, laissent alors leurs excréments et leur papier toilette à la surface, qui sont rapidement recouverts par la neige.
Au printemps, la fonte expose ces accumulations, créant des couches successives de déchets et de matière organique en décomposition, d’où le nom peu appétissant « d’effet lasagne ». Ce problème n’est pas seulement esthétique et olfactif ; il représente un risque sanitaire et environnemental majeur. Les premières eaux de fonte, chargées en bactéries pathogènes, ruissellent directement dans les ruisseaux et les lacs en aval, contaminant les sources d’eau potable pour la faune et les randonneurs.
Étude de cas : L’impact visible de « l’effet lasagne » dans les Laurentides et Charlevoix
Chaque printemps, les équipes d’entretien des parcs et les associations de randonneurs constatent des dégâts importants sur les sommets populaires des Laurentides et de Charlevoix. Les zones de repos près des points de vue, où les randonneurs s’arrêtent fréquemment, sont les plus touchées. Ces accumulations de déchets humains ne se décomposent pas à cause du froid et créent des foyers de contamination qui persistent bien après la fonte complète, nuisant à la végétation et à la qualité de l’expérience pour tous les usagers.
Pour éviter de contribuer à ce désastre, la règle est simple : en hiver, sur sol gelé, tout doit être rapporté. Cela inclut les déchets solides humains. La solution la plus efficace et hygiénique est l’utilisation de sacs spécifiques, souvent appelés « WAG bags » ou « tubes à caca ». Ces kits contiennent un sac avec un polymère gélifiant qui neutralise les odeurs et les liquides, le tout placé dans un second sac opaque et hermétique. C’est la norme dans de nombreuses expéditions en haute montagne, et elle devrait l’être pour toute randonnée hivernale responsable. Pour l’urine, l’usage d’un « pee rag » (un carré de tissu réutilisable) pour les femmes réduit l’usage de papier toilette, qui doit lui aussi être rapporté dans un sac dédié.
Laisser une trace invisible, c’est aussi penser aux conséquences de ses gestes plusieurs mois à l’avance.
Comment faire une épicerie zéro plastique en région sans magasin vrac ?
L’un des plus grands défis du camping zéro déchet au Québec est l’approvisionnement en régions éloignées. Alors que les centres urbains regorgent de magasins de vrac, comment faire son épicerie sans plastique dans un village de Gaspésie ou d’Abitibi ? La solution réside dans un changement de perspective : au lieu de chercher « le » magasin parfait, il faut développer une stratégie d’achat multi-sources et privilégier les commerces traditionnels qui, par nature, offrent des options sans emballage.
L’astuce est d’avoir toujours avec soi son « kit d’épicerie » : sacs à vrac en tissu, contenants hermétiques de différentes tailles, et sacs à pain. Avec ce kit, on peut adopter une approche hiérarchisée des achats, que l’on peut appeler la « pyramide des achats en région ». Cette méthode permet de maximiser les trouvailles sans plastique, même dans les endroits les plus inattendus.
Votre plan d’action : La Pyramide des Achats Zéro Déchet en Région
- Priorité 1 (La base) : Les marchés fermiers locaux. C’est la mine d’or du zéro déchet. Fruits, légumes, œufs… Les producteurs sont souvent ravis de servir directement dans vos sacs et contenants. C’est aussi le meilleur moyen de soutenir l’économie locale.
- Priorité 2 : Les commerces de proximité. Pensez à la boulangerie du village pour le pain dans votre sac en tissu, et à la boucherie ou la poissonnerie locale où vous pouvez demander de mettre la viande ou le poisson directement dans votre contenant hermétique.
- Priorité 3 : Les comptoirs de service des supermarchés. Même dans les grandes chaînes comme IGA ou Metro, les comptoirs de fromage, de charcuterie ou de produits préparés acceptent très souvent de vous servir dans vos propres contenants. Il suffit de demander poliment.
- Priorité 4 : Le choix du moindre mal dans les allées. Pour les produits secs, s’il n’y a pas d’option vrac, privilégiez systématiquement les emballages en verre, en métal ou en carton, qui sont plus facilement et efficacement recyclables que le plastique.
- Priorité 5 : Les applications anti-gaspillage. Des applications comme Too Good To Go se développent aussi en région et permettent de récupérer des paniers d’invendus de commerces locaux, souvent avec peu ou pas d’emballage.
Cette approche proactive transforme une contrainte en une exploration. Elle demande un peu d’organisation, mais elle est la preuve qu’il est possible de réduire drastiquement ses déchets, même loin des infrastructures dédiées. L’expérience de certains pionniers en est la meilleure illustration.
En 2016, notre voyage de camping de 10 jours en Gaspésie nous a fait découvrir le mouvement zéro déchet grâce à la conférence de Béa Johnson à New Richmond. Depuis, nous avons créé une carte collaborative des commerces acceptant les contenants en Gaspésie, Abitibi et Côte-Nord. Le secret : toujours avoir son kit dans l’auto avec sacs à vrac, contenants et sacs à pain.
– Famille Zéro Déchet en Gaspésie, BocoBoco Blog
Faire son épicerie en région devient une occasion de rencontrer des producteurs locaux et de découvrir les saveurs du terroir, tout en respectant ses valeurs écologiques.
À retenir
- La clé du zéro déchet en randonnée n’est pas la privation, mais l’ingéniosité et l’autonomie, qui allègent à la fois le sac et l’impact.
- Le « système déporté » est le principe fondamental pour toute activité de lavage, imposant une distance de 60m avec les sources d’eau pour laisser le sol agir comme filtre naturel.
- En hiver, la règle est absolue : tout ce qui est amené sur le terrain, y compris les déchets humains, doit être rapporté pour éviter la pollution printanière de « l’effet lasagne ».
Sans Trace en hiver : gérer ses déchets quand le sol est gelé dur ?
Le camping hivernal au Québec offre des paysages d’une beauté pure et silencieuse. Mais cette magie blanche cache un défi majeur pour le campeur zéro déchet : un sol gelé, imperméable et incapable de jouer son rôle de décomposeur. En hiver, les principes du Sans Trace sont poussés à leur extrême. La règle d’or, martelée par les experts, doit être prise au pied de la lettre.
Tout ce qui entre, ressort. Même les déchets organiques ne se décomposent pas et doivent être rapportés, car ils gèlent et réapparaissent au printemps.
– Programme Sans Trace Canada, Guide hivernal du camping responsable
Cette citation résume toute la philosophie de la pratique hivernale. Un trognon de pomme ou une pelure de banane, qui se décomposerait en quelques semaines en été, peut mettre plus d’un an à disparaître s’il est jeté dans la neige. Durant ce temps, il peut attirer la faune et altérer son comportement naturel. La gestion des déchets en hiver demande donc une préparation et une discipline sans faille. Il faut prévoir un sac étanche (« dry bag ») robuste, dédié exclusivement aux déchets. Les sacs en plastique classiques deviennent cassants avec le froid et peuvent se déchirer ; il est donc prudent de doubler les sacs pour éviter les accidents.
Comme nous l’avons vu, la gestion des excréments solides est le point le plus critique. L’utilisation de « WAG Bags » ou d’un « tube à caca » (un simple tube de PVC avec un couvercle hermétique) n’est pas une option, mais une obligation. Pour l’urine, afin de minimiser l’impact visuel et olfactif au printemps, il est recommandé d’uriner sur des rochers ou des zones de passage où la neige est déjà compactée, ce qui dilue l’impact. Enfin, n’oubliez pas l’eau de vaisselle : elle doit être stockée dans une bouteille et rapportée. L’hiver ne pardonne aucune négligence ; chaque petit déchet laissé derrière est un polluant en suspens, une cicatrice qui ne sera révélée qu’à la fonte des neiges.
L’autonomie minimaliste prend ici tout son sens. Il s’agit d’assumer l’entière responsabilité de son passage, en ne laissant derrière soi que les traces de ses pas dans la neige, destinées à s’effacer avec le vent. C’est l’expression ultime du respect pour la nature sauvage et silencieuse de l’hiver québécois.
Passez de la conscience écologique à l’action ingénieuse. Votre prochaine aventure n’attend que vous pour devenir un modèle d’empreinte invisible, quelle que soit la saison.